Les femmes «au corps complice» (14 %)

Ces femmes sont les seules à afficher une relation véritablement heureuse et sereine à leur corps et à leur poids. Elles sont plus minces que la moyenne et leur poids est plutôt stable. Elles n’ont jamais pratiqué de régime ou très minoritairement, et si certaines d’entre elles souhaiteraient avoir un poids légèrement inférieur à celui pesé, il n’est question de perdre qu’un ou deux kilos. Pour elles, être mince n’est pas un combat, mais une façon d’être qui leur est devenue naturelle et qui repose sur une hygiène de vie se traduisant par une alimentation variée (sans interdits mais sans abus) et la pratique de sports. Elles ont intégré une certaine discipline acquise dès le plus jeune âge et ont, pour la majorité d’entre elles, grandi auprès d’une mère plutôt mince aimant cuisiner et ne faisant pas de régime.

 

Les femmes au «corps résigné» (20 %)

Ces femmes sont parmi les plus âgées et les plus fortes. Elles ont une attitude résignée face à leur corps qui s’est épaissi au fil des années. Cette acceptation passive de leur corps se conjugue avec une attitude ambiguë face à leur ligne : elles oscillent entre culpabilité et déni de leurs rondeurs. Elles s’inscrivent dans une forme de fatalisme et invoquent tous les facteurs explicatifs possibles (génétique, tentations, âge, ménopause, éducation alimentaire, héritage familial) pour justifier leur surpoids. Elles reconnaissent ne pas parvenir à maîtriser leur ligne. Pour elles, mincir c’est s’imposer des règles, elles y renoncent ou ont fini par y renoncer. Elles font moins de régimes que la moyenne des Françaises mais celles qui en font s’arrêtent souvent en route et reprennent à terme du poids.

 

Les femmes  «au corps qui parle» (37 %)

Ces femmes se retrouvent dans toutes les catégories de la population et présentent des morphologies variées. Leur relation avec leur corps est ambiguë : elle oscille entre amour et désamour et fluctue au fil de leurs états d’âme. Les soucis, les problèmes affectifs ou de travail se traduisent systématiquement chez elles par une prise de poids qui devient source de déprime. Grossir est vécu comme une perte de contrôle de soi et de son alimentation,
et le corps grossi n’est pas aimé car il témoigne et rappelle qu’on s’est laissé submerger par ses problèmes.

À l’inverse, maigrir correspond pour ces femmes à se ressaisir et à reprendre le contrôle de la situation. Perdre du poids est essentiellement une question de volonté et, lorsqu’elles décident de faire un régime, elles atteignent généralement leurs objectifs et parviennent à stabiliser leur poids… jusqu’à l’avènement de nouveaux états d’âme. Plus de la moitié d’entre elles, aimerait bien être un peu plus mince alors qu’elles reconnaissent que leur entourage les trouve très bien comme elles sont.

 

Les femmes «au corps en souffrance» (12 %)

Ces femmes, le plus souvent en surpoids et mal dans leur corps, affichent une véritable souffrance. Leur corps qu’elles n’aiment pas est une douloureuse préoccupation et leur vie est marquée par le combat permanent qu’elles mènent pour mincir. Elles ont une longue expérience négative des régimes et semblent prisonnières d’une spirale infernale où,
au fur et à mesure des régimes yo-yo qu’elles pratiquent, elles visent toujours un nombre plus important de kilos à perdre. Pour elles, grossir est vécu comme une fatalité génétique (leur mère souvent avait déjà des problèmes de poids) qui les rend hors norme.

Elles ont le sentiment d’avoir tout tenté pour mincir sans autres résultats que de dégrader leur moral et leur confiance en elles. Elles se jugent durement sur leur incapacité à se contrôler et à maîtriser leur alimentation. Elles ont tendance à avoir moins d’activité sportive que la moyenne des Françaises.

 

Les femmes «au corps objet» (16 %)

Ces femmes plus minces que la moyenne ont des objectifs minceur extrêmement exigeants qui, parfois, s’apparentent à un véritable désir de maigreur. Si on retrouve ces femmes dans toutes les classes sociales, elles sont cependant nettement moins représentées dans les classes ouvrières et chez les retraitées. Très sensibles au modèle de la minceur, elles respectent leur corps comme un capital beauté et lui imposent un façonnage complet.

Elles ont intégré la gestion de leur poids comme une discipline: Elles suivent une hygiène de vie très stricte tant sur le plan physique qu’alimentaire et font partie des grosses consommatrices de «produits régime» en tous genres. Leur corps est un objet totalement maîtrisé et faire un régime, si besoin est, reste pour elles relativement facile puisqu’il s’agit de suivre des règles que parfois elles n’hésiteront pas à se faire dicter par un médecin.

 

Nous ne sommes pas tous égaux devant le poids !

Il existe une tendance individuelle à prendre du poids : pour un même apport calorique légèrement au-dessus de la normale, certaines personnes vont grossir, d’autres non. Cela peut dépendre de leurs dépenses physiques (elles emmagasinent plus d’énergie qu’elles en dépensent) ou de leur histoire pondérale (régimes à répétition entraînant une résistance à l’amaigrissement). Si on peut, en partie, incriminer des différences dans l’activité physique, cela ne suffit pas à expliquer toutes les disparités. Il faut donc reconnaître qu’il existe une certaine inégalité en ce qui concerne la prise de poids.

Des études récentes sur des obèses ont même montré que chez certains d’entre-eux, la seule vue de la nourriture suffisait à déclencher des compulsions alimentaires mais aussi des phénomènes hormonaux et métaboliques très rapides pouvant conduire à une prise de poids. Les chercheurs ont tenté d’expliquer cette inégalité en faisant intervenir des facteurs génétiques. Il est vraisemblable que le trouble se situe au moment de la digestion, certaines personnes ne produisant pas assez de chaleur, vont faire davantage de stocks.

Les personnes à qui la nourriture «profite» trop bien devront donc manger moins et surtout mieux que les autres, non seulement pour maigrir, mais aussi pour arriver à maintenir un poids stable.

 

Le rythme des repas n’est pas respecté

Un changement de vie ou la survenue d’un événement stressant peut nous pousser à adopter des comportements alimentaires anarchiques. Télé-grignotages incessants ou repas unique le soir… lorsque l’alimentation est déstructurée, les risques de prendre du poids sont nettement augmentés. Le manque de rythme alimentaire est plus particulièrement répandu chez les personnes qui vivent seules ou restent à domicile, soit qu’elles compensent un manque affectif ou une anxiété par la nourriture soit que l’inactivité les pousse à grignoter. La sensation de faim ou de satiété est alors perturbée et l’organisme n’est plus à même de réguler la masse grasse. Difficile dans ce cas de conserver son poids d’équilibre.

Pour l’être humain, la notion de repas est essentielle car, contrairement aux animaux, le système digestif est conçu de telle façon qu’il a besoin de recevoir de l’énergie de façon fractionnée. Il faut compter 4 heures entre deux prises alimentaires pour bien digérer et assimiler les aliments. Tout surplus d’énergie dû à un repas trop riche ou à une succession de collations sera stocké sous forme de graisse.

 

Ces profils concernent seulement une partie de l’échantillon de l’étude Ocha/CSA (base C) et excluent les femmes maigres et obèses mais aussi celles de poids normal ou en surpoids cherchant à grossir. On peut facilement imaginer que les femmes au corps «résigné» ou «en souffrance» sont plus nombreuses sur l’ensemble de la population