Odoxa a réalisé un sondage pour la Fondation sur la recherche contre les AVC sur les connaissances et les réflexes des Français. En voici les grandes lignes ainsi que le point de vue du Professeur de neurologie Jean-Louis Mas.
Synthèse de Céline Bracq, co-fondatrice et directrice générale d’Odoxa
Pour de très nombreux Français, l’accident vasculaire cérébral est une réalité : au moment où nous réalisons le sondage, plus du tiers d’entre eux (34%) en ont été eux-mêmes victimes (3%) ou confrontés via l’un de leurs proches (34%). Une proportion massive confirmée par les statistiques : une personne sur six sera victime dans sa vie d’un AVC.
La contraction «AVC» est connue, les Français, quel que soit leur âge, nous affirment quasiment tous qu’ils savent ce qu’est un AVC : la très grande majorité, 96% en ont «une idée» dont 64% «une idée précise» (et parmi ceux-là, 73% des personnes touchées directement ou indirectement).
Reste toutefois une partie non négligeable de la population qui, soit, n’a aucune idée de ce qu’est un AVC (4%), soit, en a une idée vague (32%). Par ailleurs, notre sondage montre qu’entre un Français sur cinq et un Français sur trois se font en réalité des idées fausses sur l’AVC : ainsi, si 82% savent bien que l’AVC est situé au niveau du cerveau, 18% le situent au niveau du cœur, le confondant… avec l’infarctus.
Une part plus importante encore de la population (35%) n’aurait pas la réaction appropriée en cas d’AVC : 24% des Français appelleraient les pompiers, 10% iraient aux urgences, 1% attendraient de voir si les symptômes persistent. Les deux-tiers (65%) auraient en revanche le bon réflexe en appelant le 15.
En effet, si certains signes de l’AVC se manifestent : paralysie, troubles visuels, perte d’une fonction motrice, difficulté à parler… il faut faire très vite, l’AVC est un cas d’urgence absolue : la vie de la personne concernée peut se trouver en danger et une prise en charge rapide permet de limiter les séquelles.
Pour réagir promptement, il faut aussi savoir que si l’AVC menace avant tout les personnes âgées de plus de 65 ans, il peut toucher toutes les catégories d’âge, y compris les enfants. Or, 23% des Français estiment qu’un enfant ne peut en être victime et 2% croient que seules les personnes âgées peuvent être touchées.
Par ailleurs l’AVC est la première cause de mortalité chez la femme (3e cause chez l’homme), alors que plus de la moitié des Français (52%) pensent, à tort, que c’est le cancer du sein, sans doute parce que les campagnes de prévention les ont marqués. L’AVC n’arrive qu’en deuxième position, très loin derrière avec 23% de citations et à peine plus chez la femme (25%).
En France, environ 750 000 personnes ont survécu à un AVC. Peu de personnalités communiquent sur «l’après AVC» et des préjugés existent sur la réintégration dans le monde professionnel des personnes ayant été victimes d’un AVC. D’ailleurs, plus de deux Français sur 10 conseilleraient à un proche victime d’un AVC d’éviter d’en parler dans sa sphère professionnelle. Malheureusement, les personnes qui elles-mêmes ont été victimes d’un AVC ne sont pas moins nombreuses à le penser : 45% d’entre elles déconseilleraient à un proche de s’en ouvrir.
> 3 signes d’alerte, 3 tests rapides pour détecter un AVC
La paralysie du visage : La personne ne peut pas sourire, sa lèvre est tombante. Le bon réflexe : demander à la personne d’essayer de sourire. Si cela lui est difficile ou impossible, elle est peut-être victime d’un AVC et il faut appeler le 15 sans tarder.
Le trouble de la parole ou la difficulté de compréhension : La personne semble éprouver une difficulté soudaine à parler. Le bon réflexe : demander à la personne de répéter une phrase simple. Si cela lui est difficile ou impossible, elle est peut-être victime d’un AVC et il faut appeler le 15 sans tarder.
Un membre inerte : La personne présente une perte de force ou un engourdissement brutal dans un bras ou une jambe Le bon réflexe : demander à la personne de lever les deux bras. Si cela lui est difficile ou impossible, elle est peut-être victime d’un AVC et il faut appeler le 15 sans tarder.
Le point de vue du Professeur Jean-Louis Mas
Deux Français sur dix conseilleraient à un proche victime d’un AVC d’éviter d’en parler dans sa sphère professionnelle (45% chez les personnes qui elles-mêmes ont été victimes d’un AVC).
«Ce chiffre est inquiétant car, s’il est vrai que beaucoup de victimes d’AVC gardent des séquelles plus ou moins invalidantes de leur accident, ce n’est pas le cas pour tous les sujets. Le fait de ne pas en parler montre que le sujet de l’AVC reste tabou.
Cela a pour conséquence directe un manque d’information de la population sur les facteurs de risque et sur l’attitude à adopter en cas de survenue d’un AVC. Or, un nombre significatif de cas pourraient être évités si les facteurs de risque et principalement l’hypertension, l’hypercholestérolémie ou encore la fibrillation atriale étaient dépistés et traités en prévention primaire.
Ce silence engendre des préjugés et souvent l’isolement des malades. Il est important de rappeler que l’AVC n’est pas une fatalité et qu’aujourd’hui, certains traitements permettent une guérison complète.»
Un gros tiers (35%) des Français confrontés à un AVC n’aurait pas le bon réflexe d’appeler le 15.
«L’élément le plus important dans la prise en charge des AVC est le temps «Time is Brain» comme le disent les anglo-saxons. Certains traitements très efficaces comme la thrombolyse ou la thrombectomie ne sont possibles que s’ils sont réalisés dans les premières heures suivant l’accident.
Il est donc essentiel d’appeler le 15 en cas d’AVC. Ce sont les médecins du SAMU qui évalueront l’urgence par téléphone et qui organiseront si besoin la prise en charge en dirigeant vers l’Unité Neuro Vasculaire la plus proche. Je rappelle qu’il en existe maintenant près de 140 en France couvrant l’ensemble du territoire. »
Alerte AVC : savoir faire face à l’urgence
En matière d’AVC, d’accident vasculaire cérébral, l’urgence est vitale. Chaque minute compte. De nombreuses campagnes ont déjà mis en avant l’importance de réagir le plus rapidement possible dès les premiers symptômes, dès les premiers signes, mais il est toujours bon de revenir sur ces fondamentaux. Afin de sauver plus de vies, tout simplement.
Depuis le 16 octobre dernier, la laboratoire Boehringer Ingelheim France, en partenariat avec la Fédération France AVC, a lancé pour une durée de six mois, une campagne d’information et de prévention disponible dans les salles d’attente des professionnels de santé et les pharmacies. Celle-ci décrit les signes d’alerte de l’AVC et rappelle l’importance d’appeler le 15 pour faire face à l’urgence.
Depuis quelques années, les campagnes de communication sur le caractère vital et urgent de l’AVC se sont multipliées. Pour autant, selon une étude IPSOS, la moitié (49%) des Français se dit mal informée sur les signes d’alerte de l’AVC et seulement 39% s’estiment bien informés sur les bons réflexes à adopter.
L’objectif de cette nouvelle campagne est donc de mettre à la disposition du grand public, par l’intermédiaire des professionnels de santé, un kit d’information et de sensibilisation. Celui-ci comprend une affiche «Alerte AVC » et un livret d’information détaillant les trois signes d’alerte à connaitre ainsi que les trois questions test permettant d’évaluer le risque d’AVC.
«En France, indique Eric Gauthier, directeur affaires médicales «primary care» du laboratoire, nous avons noué des liens étroits avec la Fédération France-AVC qui informe la population sur l’AVC et favorise une prise en charge rapide offrant le meilleur pronostic au patient. La campagne «Alerte AVC» s’appuie sur la diffusion de ses outils d’information à travers le réseau national de médecins et de pharmaciens qui assurerons la transmission de ces informations à l’ensemble de la population».
> LES AVC (Accidents Vasculaires Cérébraux)
En France, le nombre de nouveaux cas par an est actuellement estimé à 130 0000, autrement dit, un AVC survient toutes les 4 minutes.
Symptômes : L’AVC est une pathologie qui survient de façon très brutale et qui est à l’origine de déficits moteurs (mouvement des membres), de pertes de sensibilité ou encore de troubles du langage.
Causes : Il en existe deux types : dans la majorité des cas (85 %) il s’agit d’un infarctus – une artère qui se bouche dans le cerveau; et le reste du temps (15 %) il s’agit d’un hématome dû à la rupture d’un vaisseau dans le cerveau. Dans les deux cas une région du cerveau est privée d’irrigation et le tissu meurt (lésion dite focale) perdant alors ses fonctions neurologiques et conduisant aux symptômes observés.
Prévalence : Sur plus de 15 millions d’AVC qui surviennent chaque année au niveau mondial, environ 25% d’entre eux sont mortels et plus de 30% laissent des séquelles sévères avec une invalidité permanente qui rend ses victimes dépendantes, impactant directement sa famille et ses proches.
En France, le nombre de nouveaux cas par an est actuellement estimé à 130 000, autrement dit un AVC survient toutes les 4 minutes. Même si tous les AVC n’ont pas la même sévérité, ils sont la 1ère cause de handicap moteur acquis de l’adulte, la 2ème cause de démence et la 3ème cause de mortalité. Par manque de prise en charge spécialisée dans les pays moins développés le risque de handicap est 10 fois plus élevé dans les pays les moins développés.
Source : icm-institute.org/fr/avc/