Si l’on en croit la plupart des publications sur le sujet, les diabétiques devraient êtres astreints à un régime draconien qui les exclut quasiment des repas pris en groupe. Le professeur Gérard Slama a fait le point sur le thème pour la lettre d’information du Cerin (N°95). Une bonne claque aux idées reçues : le modèle conseillé aux diabétiques ne serait rien d’autre qu’un parfait exemple d’équilibre que l’on devrait conseiller à tous. Compte-rendu d’interview…

Jadis et aujourd’hui…

«Il y a encore vingt ans, le diabétique était un paria sur le plan alimentaire (…) Car il devait manger à telle heure tel type d’aliment, (…) il devait manger des préparations spéciales…»

De nos jours, les choses ont bien changées : «le diabétique mange de façon équilibrée, saine : au fond, il pourrait devenir un modèle pour les gens préoccupés de leur santé !».

Jadis, une pléthore d’aliments lui étaient formellement interdites. C’était le cas entre autres des pâtes, du pain et des pommes de terre. Des aliments si courants dans l’alimentation française qu’il était bien difficile aux diabétiques de faire acte de sociabilité en partageant la table de tout un chacun. Aujoud’hui, les choses ont bien changé : «à conditions de prendre certaines précautions particulières», le diabétique peut consommer ces aliments.

Et ce n’est pas tout. Le sucre, grand ennemi annoncé des diabétiques, ne leur est plus interdit. Sa consommation doit simplement se gérer comme n’importe quelle consommation d’aliment glucidique. Dernier point à notifier de cette révolution de l’alimentation diabétique : la glycémie (taux de sucre sanguin) n’est plus la seule notion biologique qui intervient dans la gestion des apports nutritionnels relatifs aux diabétiques. De nos jours «on se préoccupe de la prévention des maladies cardio-vasculaires, mais aussi des goûts et des habitudes de chacun, du plaisir dont il peut avoir à manger, etc.» En résumé, le diabétique est pris «dans toute sa complexité à la fois biologique, psychologique et culturelle».

Comme les autres

À l’exception des boissons sucrées (sodas), les diabétiques, comme les autres, peuvent manger du sucré, à condition
«qu’il soit goûté avec mesure». Les diabétiques comme les autres s’exposent lorsqu’ils consomment trop de sucre à des problèmes de santé généraux : obésité, caries…

Cette innovation tient au fait que l’on ait découvert que selon les glucides ingérés, le corps ne donnait pas la même réponse organique. Tout est question en fait de l’index glycémique des aliments que l’on ingère. L’index glycémique, c’est la capacité qu’a un aliment de décharger dans le sang un taux plus ou moins élevé de glucose. Ainsi si «le pain et la purée de pomme de terre» élèvent rapidement et fortement le taux de glucose dans le sang, d’autres, tels que «les frites, les pâtes, le riz» ont une moindre incidence. D’autres encore, comme le chocolat, les lentilles, les haricots font très peu monter la glycémie. La réponse du corps (l’importance de la décharge d’insuline que le pancréas va déverser dans le sang pour aider à l’assimilation du glucose par les cellules) est par conséquent directement en fonction de l’index glycémique de l’aliment. Selon cette découverte, il est donc stupide de prétendre que tous les glucides sont nuisibles à la santé, encore faut-il savoir de quelle façon ils vont faire réagir l’organisme.

Depuis peu, les professionnels de la nutrition se sont mis d’accord et conviennent qu’un repas équilibré contenant lipides, protéines et glucides était parfaitement adapté aux diabétiques. Ces derniers doivent toutefois surveiller les quantités avalées. Les résultats dans ces cas sont probants et encourageants.

> Conseils aux diabétiques et à tous ceux qui veulent manger sain

La place des sucres dans l’alimentation

Puisqu’ils présentaient un problème d’insuline, les diabétiques se sont vus restreindre en glucides dans tous les régimes qu’on leur prescrivait. Jadis, on a même été jusqu’à leur conseiller de ne pas accorder plus de «30-40% de glucides dans la ration alimentaire quotidienne». Pour s’apercevoir aussi vite que cette ration s’avérait insuffisante pour couvrir les besoins nutritionnels sur lesquels ils ne pouvaient pas faire l’impasse. Progressivement de cinq pour cent en cinq pour cent, on a revu et corrigé ce chiffre à la hausse, jusqu’à 60% ! Aujourd’hui, «on estime qu’une latitude assez grande est possible : on peut manger entre 40 et 60 % de glucides à condition que le reste de la ration comporte peu de graisses.»

La place des fibres dans l’alimentation

Les fibres sont des glucides, mais des glucides non-digestibles. «Les aliments riches en fibres sont aussi des aliments à index glycémique faible». Toutefois, malgré l’excellente réputation des fibres qui a poussé de nombreux nutritionnistes à recommander aux diabétiques d’en consommer beaucoup, on est quelque peu revenu sur cette idée. En effet, s’il est «bon de manger des aliments riches en fibres (pois chiches, lentilles, pois cassés, haricots blancs) (…) il est tout à fait inutile de rajouter des fibres du type pain (riche en fibres) à l’alimentation courante. Bref, on en est peu à peu à considérer que le diabétique «mange les aliments de tout le monde, et c’est tout (…) lui reste à apprendre s’il doit en manger beaucoup ou peu, mais il n’a pas de besoins spécifiques».