France : maladie chronique complexe, l’obésité infantile peut entraîner des problèmes de santé mais aussi des conséquences psychologiques et sociales graves.

De fait, ces enfants sont plus souvent stigmatisés, harcelés et ont de moins bons résultats scolaires que ceux qui ne présentent pas de surpoids.

Ceci a tendance à aggraver encore la prise de poids.

Pour aider les professionnels de santé non spécialistes qui prennent en charge ces petits patients et leurs familles, la Haute autorité de santé (HAS) publie un guide afin d’optimiser le parcours de soins de l’enfant et de l’adolescent en situation de surpoids ou d’obésité.

Interrogés, le Dr Véronique Nègre, pédiatre au CHU de Nice et présidente de l’APOP (association pour la Prise en charge et la prévention de l’Obésité en Pédiatrie) et ainsi que le Pr Jean-Claude Carel, pédiatre à l’hôpital Robert-Debré à Paris, et coordinateur du CINFO (Centre Intégré Nord Francilien de l’Obésité) ont souligné ce qu’ils considèrent être des points clefs dans ce guide très complet.

 

Dix messages pour améliorer les pratiques

La HAS a mis en exergue dix messages-clefs :

1 – Mesurer l’IMC tout au long de l’enfance et de l’adolescence pour dépister et diagnostiquer précocement un surpoids ou une obésité.
Pour le faire, le document de la HAS insiste sur la réalisation des courbes de référence du carnet de santé qui permettent au médecin de constater une ascension continue de la courbe de corpulence depuis la naissance, un rebond d’adiposité précoce ou encore un changement rapide de couloir de la courbe de corpulence vers le haut.

2 – Prescrire des examens biologiques de manière ciblée.
Il faut distinguer le surpoids sans signe clinique évocateur d’une complication de la situation d’obésité. Dans le premier cas, aucun examen biologique n’est nécessaire.
En revanche, lorsque le médecin constate une obésité avec un IMC supérieur à 30,
il propose de faire réaliser, sans urgence, un bilan biologique est à réaliser, selon les antécédents familiaux, l’historique et la dynamique de la courbe de croissance et l’histoire clinique de l’enfant ou de l’adolescent.

3 – S’appuyer sur une évaluation multidimensionnelle dès le diagnostic
et l’annonce d’un surpoids ou d’une obésité.

Pour se faire, le document de la HAS propose de « prendre l’appui d’un ou plusieurs professionnels en proximité (champ sanitaire, social, médico-social, scolaire) ou d’une équipe spécialisée dans l’obésité ». Le répertoire opérationnel des ressources (ROR) régional peut être utile à ce moment-là.

4 – Graduer et moduler les soins et l’accompagnement selon la complexité
de la situation.

Cette notion de graduation est nouvelle selon les deux spécialistes interrogés qui insistent toutefois sur le fait que les parcours pluridisciplinaires gradués promus par le guide ne bénéficient pas encore de financement.

 

5 – Proposer des soins et un accompagnement dès le diagnostic d’un surpoids
ou d’une obésité.

Différents intervenants peuvent être sollicités : médecin, infirmier ou encore puéricultrice, et selon les besoins, enseignant en APA, diététicien, psychologue, pédopsychiatre, kinésithérapeute, ergothérapeute, psychomotricien. Le document détaille les situations dans lesquelles il faut solliciter tel ou tel professionnel.

6 – Perdre du poids n’est pas un objectif prioritaire sauf en cas de complications.
Il s’agit d’infléchir la courbe de corpulence tandis que la croissance se poursuit et,
en fin de croissance, de stabiliser le poids. Aussi l’objectif principal des soins et de l’accompagnement est de modifier certaines habitudes de vie en cause dans la prise de poids, et d’aider la famille au rééquilibrage alimentaire, à la diminution des comportements sédentaires ou encore à la reprise de l’activité physique.

7 – Compléter si besoin par un séjour en soins de suite et de réadaptation dans les situations complexes

8 – Préparer la transition vers l’âge adulte dès le début de l’adolescence.
La démarche de transition doit commencer tôt, entre 11 et 15 ans.
Pour s’y préparer, le médecin peut proposer une évaluation pour aider l’adolescent à prendre conscience de son niveau d’autonomie, vers 15-16 ans.

9 – Accompagner l’enfant/l’adolescent(e) en situation de handicap et ses parents.
Les recommandations sont valables que les enfants soient en situation de handicap ou non mais la HAS préconise qu’elles soient adaptées en fonction de la nature des difficultés et des possibilités qui peuvent être évolutives.
Une spécificité pour les enfants en situation de handicap : « Il est essentiel de prévenir
dès le plus jeune âge l’évolution vers un surpoids ou une obésité en lien avec la maladie
ou les traitements médicamenteux, en associant systématiquement les parents et les professionnels des structures et services médico-sociaux le cas échéant », indique le guide.

10 – Favoriser l’engagement des associations d’usagers

Sources : LA HAS (Haute Autorité Santé)